
Trois soirées exceptionnelles Ô VALLON !
Voici quelques semaines, après de nombreux téléphones et une rencontre dans un bistrot lyonnais, Denis Lavant est venu, a vu ….. et lira Ô VALLON !
Sensible à notre demande, Denis Lavant nous a proposé – et présentera donc au public sur la scène en plein air de la Place du Vallon, et sous la Yourte de la Carvane des quartiers – trois textes de son propre choix. Ci-dessous une présentation des trois soirées par Denis Lavant lui-même.
mardi 28 juin à 19h / Place du Vallon
mercredi 29 juin à 20h / La Friche
jeudi 30 juin à 19h30 / Place du Vallon
entrée libre !!!!!
mardi 28 juin 2016 à 19h
Alors Carcasse, de Mariette Navaro.
Une toute jeune auteur que j'ai eu le plaisir de découvrir lors des Lectures sous l'arbre,
avec la complicité de Jean-Pierre Siméon.
Ce tout premier texte mi poétique mi dramatique à des allures de Becket infusé de Michaux. Mais a quoi bon étiqueter une jeune artiste du parrainage de ses pairs!
Mariette fait œuvre très intime et personnelle quand elle nous propose cette Carcasse, créature anonyme, asexuée, encombrant de sa présence embarrassée d'elle même un seuil qu'elle obstrue et d'où elle n'ose cependant démarrer pour ce mêler a la foule des autres qui vont leur chemin de vie en proies à leurs occupations.
Et Carcasse, toujours sur le point de renoncer et se persuadant néanmoins qu'on attends d'elle quelque chose d'autre, toujours quelque chose de mieux, ainsi le pathétique Clov de Fin de partie.
S'ensuit pour Carcasse une très profonde et très naïve et très minutieuse introspection afin de réaliser la cohérence et la stabilité de sa posture debout ainsi à obstruer un seuil. Puis la confiance jusqu'à affronter du regard le monde qui s'ouvre devant elle certes assez menaçant. Puis le déploiement de Carcasse jusqu'à sa danse sur place mais s'élevant vers le ciel dans une jubilation enfantine. A partir de quoi, tout aussi minutieusement et opiniâtrement nous assisterons à l'annihilation froide et méthodique de cet être sapé jusque dans ses fondation par le regards de ses semblables ces autres là qui sont dans la réalité du monde et de qui elle a eu le malheur d'attirer sur elle l'attention.
- Une belle parabole sur l'individu face à la cruauté de notre époque.
mercredi 29 juin 2016 à 20h
La grande vie, de Jean-Pierre Martinet.
Cet auteur confidentiel et qui persiste à demeurer inconnu quoiqu'on en ai , a commis un chef d'œuvre monstrueux et incontestable, Jérôme, livre fantasque nihiliste et très russe bien qu'il se déroule essentiellement dans cette grosse ville de Paris, un Paris décalé fantasmé et arpenté obscurément par un être hénaurme en perdition, Jérôme Bauche qui après avoir étranglé son mentor et anéanti sa vielle maman, Mamam , part en quête de toujours plus de déchéance possible avec, comme étincelle en tête le nom d'une jeune collégienne qu'il s'imagine tour a tour possédée par la multitude des jeunes garçons de son âge dont il invente par rafale des listes de noms-à-coucher-dehors jusqu'à la nausée.
La grande vie c'est du même tonneau, un petit récit à la première personne du singulier d'un être absolument médiocre dont le seul précepte d'existence est : - vivre le moins possible pour souffrir le moins possible- . Adolph Marlow a l'inverse de Jérôme est très petit chétif et sans défense. Ce qui va faire de lui une proie idéale pour Madame C, la concierge du 47 rue Froidevau, monstresse alcoolique, sentimentale et dépravée et un brin fleur bleue aussi.
Ici la rue Froidevau et l'unique décor avec le cimetières juste en face ou repose le père d'Adolph, fonctionnaire de police modèle durant l'occupation. Cette sombre période de notre histoire n'est pas du tout le point central du récit mais elle y affleure pourtant avec une troublante acuité. Non ce que nous allons vivre c'est le drame existentiel d'Adolph Marlow pris en tenaille entre Madame C et son employeur autoritaire et sans scrupule Monsieur Rameau qui l'humilie chaque jour un peu plus dans l'entreprise de pompes funèbres ou il travaille à mi temps à l'angle de la rue Froidevau et de la rue Boulard. Cela lui laisse quand même le loisir de fantasmer sur les jeunes veuves et de se demander jusque tard dans la nuit si leurs sous vêtement sont noirs eux aussi. Non, rassurez-vous, rien d'un pervers narcissique, juste cette tranche de vie pathétique et grotesque de ce petit homme face au néant de sa vie et a l'épouvantable appétit sexuel de Madame C.
jeudi 30 juin 2016 à 19h30
Zoologie des Faubourg, de Vladislaw Znorko.
Tout d'abord Vlad est un ami, comment ne pas l'aimer?
Un poète de notre temps, un peintre inspiré, étonnant metteur-en-scène d'une tribu hirsute grommelant du slavon de Marseille, leur port d'attache au Cosmos Kolej qui signifie en polonais: La voie lactée. Tel est le nom de sa troupe. Je devrais dire était car il nous a quitté il y a quelques année mais je le soupçonne toujours de rôder autour de certaines "boutique de cannelle " sous l'enseigne de certains faubourgs, à inventorier de l'hétéroclite et surtout de l'humain, un sourire de triomphe goguenard et gamin dans ses quinquets d'un bleu sans âge! En vérité ils sont châtains. Voilà pour Znorko et voici son propos. C'est la même chose, c'est tout pareil.
Explorateur d'un quotidien d'une banlieue transfigurée tout simplement élégamment par ces yeux vagabonds curieux, par sa tête saisissant partout a tout instant le vertige nostalgique des grands départs des éternels voyageurs. Voyageur immobile et observateur tenace de tous nos rêves enfoui dans nos pantelantes petites tranches d'existence. Rien de vraiment triste, non, plutôt une sorte de désespoir jovial vous saisi très sincèrement à l'écoute ou à la lecture de ces petites chroniques d'excursionnistes des Faubourgs.
- "Le bonheur est pour demain, c'est sûr!"
Denis Lavant
Alors Carcasse, de Mariette Navaro.
Une toute jeune auteur que j'ai eu le plaisir de découvrir lors des Lectures sous l'arbre,
avec la complicité de Jean-Pierre Siméon.
Ce tout premier texte mi poétique mi dramatique à des allures de Becket infusé de Michaux. Mais a quoi bon étiqueter une jeune artiste du parrainage de ses pairs!
Mariette fait œuvre très intime et personnelle quand elle nous propose cette Carcasse, créature anonyme, asexuée, encombrant de sa présence embarrassée d'elle même un seuil qu'elle obstrue et d'où elle n'ose cependant démarrer pour ce mêler a la foule des autres qui vont leur chemin de vie en proies à leurs occupations.
Et Carcasse, toujours sur le point de renoncer et se persuadant néanmoins qu'on attends d'elle quelque chose d'autre, toujours quelque chose de mieux, ainsi le pathétique Clov de Fin de partie.
S'ensuit pour Carcasse une très profonde et très naïve et très minutieuse introspection afin de réaliser la cohérence et la stabilité de sa posture debout ainsi à obstruer un seuil. Puis la confiance jusqu'à affronter du regard le monde qui s'ouvre devant elle certes assez menaçant. Puis le déploiement de Carcasse jusqu'à sa danse sur place mais s'élevant vers le ciel dans une jubilation enfantine. A partir de quoi, tout aussi minutieusement et opiniâtrement nous assisterons à l'annihilation froide et méthodique de cet être sapé jusque dans ses fondation par le regards de ses semblables ces autres là qui sont dans la réalité du monde et de qui elle a eu le malheur d'attirer sur elle l'attention.
- Une belle parabole sur l'individu face à la cruauté de notre époque.
mercredi 29 juin 2016 à 20h
La grande vie, de Jean-Pierre Martinet.
Cet auteur confidentiel et qui persiste à demeurer inconnu quoiqu'on en ai , a commis un chef d'œuvre monstrueux et incontestable, Jérôme, livre fantasque nihiliste et très russe bien qu'il se déroule essentiellement dans cette grosse ville de Paris, un Paris décalé fantasmé et arpenté obscurément par un être hénaurme en perdition, Jérôme Bauche qui après avoir étranglé son mentor et anéanti sa vielle maman, Mamam , part en quête de toujours plus de déchéance possible avec, comme étincelle en tête le nom d'une jeune collégienne qu'il s'imagine tour a tour possédée par la multitude des jeunes garçons de son âge dont il invente par rafale des listes de noms-à-coucher-dehors jusqu'à la nausée.
La grande vie c'est du même tonneau, un petit récit à la première personne du singulier d'un être absolument médiocre dont le seul précepte d'existence est : - vivre le moins possible pour souffrir le moins possible- . Adolph Marlow a l'inverse de Jérôme est très petit chétif et sans défense. Ce qui va faire de lui une proie idéale pour Madame C, la concierge du 47 rue Froidevau, monstresse alcoolique, sentimentale et dépravée et un brin fleur bleue aussi.
Ici la rue Froidevau et l'unique décor avec le cimetières juste en face ou repose le père d'Adolph, fonctionnaire de police modèle durant l'occupation. Cette sombre période de notre histoire n'est pas du tout le point central du récit mais elle y affleure pourtant avec une troublante acuité. Non ce que nous allons vivre c'est le drame existentiel d'Adolph Marlow pris en tenaille entre Madame C et son employeur autoritaire et sans scrupule Monsieur Rameau qui l'humilie chaque jour un peu plus dans l'entreprise de pompes funèbres ou il travaille à mi temps à l'angle de la rue Froidevau et de la rue Boulard. Cela lui laisse quand même le loisir de fantasmer sur les jeunes veuves et de se demander jusque tard dans la nuit si leurs sous vêtement sont noirs eux aussi. Non, rassurez-vous, rien d'un pervers narcissique, juste cette tranche de vie pathétique et grotesque de ce petit homme face au néant de sa vie et a l'épouvantable appétit sexuel de Madame C.
jeudi 30 juin 2016 à 19h30
Zoologie des Faubourg, de Vladislaw Znorko.
Tout d'abord Vlad est un ami, comment ne pas l'aimer?
Un poète de notre temps, un peintre inspiré, étonnant metteur-en-scène d'une tribu hirsute grommelant du slavon de Marseille, leur port d'attache au Cosmos Kolej qui signifie en polonais: La voie lactée. Tel est le nom de sa troupe. Je devrais dire était car il nous a quitté il y a quelques année mais je le soupçonne toujours de rôder autour de certaines "boutique de cannelle " sous l'enseigne de certains faubourgs, à inventorier de l'hétéroclite et surtout de l'humain, un sourire de triomphe goguenard et gamin dans ses quinquets d'un bleu sans âge! En vérité ils sont châtains. Voilà pour Znorko et voici son propos. C'est la même chose, c'est tout pareil.
Explorateur d'un quotidien d'une banlieue transfigurée tout simplement élégamment par ces yeux vagabonds curieux, par sa tête saisissant partout a tout instant le vertige nostalgique des grands départs des éternels voyageurs. Voyageur immobile et observateur tenace de tous nos rêves enfoui dans nos pantelantes petites tranches d'existence. Rien de vraiment triste, non, plutôt une sorte de désespoir jovial vous saisi très sincèrement à l'écoute ou à la lecture de ces petites chroniques d'excursionnistes des Faubourgs.
- "Le bonheur est pour demain, c'est sûr!"
Denis Lavant