Par le passé, le quartier du Vallon abritait essentiellement des logements bon marché et quelques industries. A ce propos, le Vallon accueillait différentes fabriques ou usines. En effet, dès le 17ème siècle, ce quartier abritait une poudrière qui prendra feu en 1811 et qui laissera place tout d’abord à une petite scierie et un moulin. En 1851, Etienne Panchaud acheta ce terrain et convertit le moulin en une fabrique de chocolat, tout en conservant des ateliers. Puis ces installations seront vendues pour donner naissance à l’atelier mécanique et fonderie Kaiser et Duvillard construits en 1858 et qui fabriquaient des roues à eau, des pressoirs, des monte-charges et des turbines hydrauliques. Cette entreprise sera reprise juste avant la première guerre mondiale : « La Société des tramways lausannois fit l’acquisition en 1913 des immeubles du Vallon. Concernant la fonderie et ses locaux annexes, un arrangement est conclu le même jour avec Adolphe Gisling et Pierre Grimbühler ; associés, ils reprennent l’exploitation de la Fonderie du Vallon qui occupait à cette époque vingt ouvriers alors que dis seulement travaillaient à l’atelier de mécanique. » . En 1950, cette fonderie est transférée à Moudon au bord de la Broye[1]. Cette usine se trouvait alors sur l’emplacement de l’actuelle usine d’incinération des ordures ménagères mise en service en 1958[2].
Le Vallon avait également des bains et une brasserie. Concernant ces deux dernières activités on peut lire dans la Revue Mémoire Vive de 1994 :« Au XVIIIe siècle, le lieu-dit « Le Vallon » est un but de promenade prisé par les lausannois. Une source d’eau ferrugineuse y jaillit dont les vertus sont soulignées par le docteur Tissot. Cette source donnera le nom au chemin des Eaux, rebaptisé rue du Vallon en 1895. Dans ce site, une propriété, appelée précisément Le Vallon (anciennement La Rochelle) , abrite des bains publics, un gros bâtiment d’habitation et une traiterie. »[3]. Puis c’est en 1842 que la brasserie du Vallon se développera, jusqu'à sa disparition en 1894 pour des raisons notamment de restructuration de la production de bière à Lausanne.
Je note aussi l’existence d’une buanderie dite « Buanderie Haldimand » de 1893 à 1970, date de sa désaffection. Sa démolition date de 1976 et elle était située à l’angle de la rue de l’Industrie et de la rue du Nord.
Quant aux Magasins de la Ville, situé du 6 au 10 rue de l’Industrie, ils datent de 1896. En 1906, ils subiront un agrandissement. Ils contenaient alors le service municipal de la voirie, ses écuries, ses dépôts et ses logements. Ils furent désaffectés vers 1990 pour donner place à l’atelier de récupération des habits « Textura » et sa boutique de confection « Picpus », ainsi qu’à l’installation des deux théâtres et de divers artisans et services communaux.
Concernant la station inférieure du funiculaire Lausanne-Signal, elle se trouve aux numéros 5-7 de la place du Vallon. Son inauguration date de 1899 et son fonctionnement durera jusqu’en 1948, date de sa disparition. Voici ce qu’en dit Louis Polla : « En 1885, il y avait déjà eu un projet de funiculaire pour relier la ville à Sauvabelin. Une nouvelle concession est obtenue en 1896 par trois personnes dont M. Duvillard, directeur de la fonderie du Vallon. Le premier décembre 1898 les premiers travaux de terrassement sont entrepris et le premier octobre 1899 la ligne est inaugurée. Le trajet est de 480 mètres, il a fallu construire un viaduc de 82 mètres prolongé par cinq arches en maçonnerie avant de pénétrer dans un tunnel de 35 mètres. La différence de dénivellation entre la station du Vallon et celle de Sauvabelin est de 190 mètres ». Et de préciser : « Ce brave funiculaire du Signal est pendant des années une attraction lausannoise. Bien des lausannois se souviennent encore de ce moyen de transport. Non seulement les promeneurs du dimanche, mais aussi les parents accompagnant leurs enfants à la Fête du Bois. Le funiculaire n’a pu résister à l’essor de la motorisation. Son origine s’inscrit des les efforts entrepris pour créer à Sauvabelin un centre touristique avec le célèbre Village Suisse »[4]. Juste à côté de la station encore existante aujourd’hui et qui sert de dépôt, se trouve telle qu’elle était à l’époque la buvette du «Lausanne-Signal ».
Il faut encore noter la présence remarquable d’un bâtiment au 23, place du Nord, le « Joli Vallon » construit en 1909 par l’architecte Francis Isoz. Le rez-de-chaussée comporte deux arcades. Il contenait alors une salle de concert pour l’Union instrumentale et la grande salle du Cercle des typographes à l’entresol. Ce bâtiment a une entrée également à la rue du Vallon numéro 4. Des maisons ouvrières seront édifiées entre 1863 et 1878 par la Société de construction de Lausanne à la rue du Vallon 26-28-30-32 et à la rue du Nord 1-2-3-4. Huitante appartements seront ainsi réalisés pour les familles ouvrières. Ces logements seront rénovés en 1950[5]
Une étape importante et controversée du vallon du Flon sera la voutâge sur près de 600 mètres en amont de ce dernier. C’est à la fin de l’année 68 que ces travaux de comblement commenceront [6] entraînant notamment la disparition des cascades.
Ceci en vue, à l’époque, de créer une « Chaussée d’accès rapide au centre de la ville, pour les véhicules venant de la router de Berne, est apparue indispensable pour l’avenir. ». Une autre étape fut la construction des magasins de la Ville ainsi que des ateliers centraux de réparation pour les véhicules municipaux. Plus proche de la Sallaz, une zone remblayée est prévue pour être affectée en terrains de sport et de jeux[7].
Lausanne, au début des années soixante, fera appel à plusieurs centaines de saisonniers pour faire face à son développement économique. La pénurie de logements dont souffrent en priorité les habitants de la ville motivera également l’arrivée de main d’œuvre d’origine italienne. Une partie des ces transalpins seront logés dans des baraquements en bois au nord de l’usine d’incinération des ordures ménagères, ce terrain étant mis à disposition des entrepreneurs. D’autres vivront à proximité des chantiers, notamment celui de l’autoroute de contournement [8].
[1] Louis Polla, « La Fonderie du Vallon », Feuille d’Avis de Lausanne, 5 avril 1974 [2] Louis Polla, « Place du x », Feuille d’Avis de Lausanne, 10 octobre 1968 [3] Olivier R., « La brasserie du Valoon », Revue Mémoire Vive No 3, Lausannr, 1994, page 36 [4] Louis Polla, « Lausanne à la Belle-Epoque », Editions Slatkine, Genève, 1992, pages 102 et 12 [5] Louis Polla, Histoire du logement social à Lausanne. « Tout commença à la rue du Vallon », 24 Heures, Lausanne, 21 juillet 1978 [6] Z., « Vallée du flon : on arrange la topographie ! », Feuille d’Avis de Lausanne, Lausanne, 12 décembre 1968 [7] Article non signé, « le Flon entre la Buanderie et la Sallaz. Que trouvera-t-on dans cette vallée ? », Feuille d’Avis de Lausanne, Lausanne, 4 juin 1968 [8] Louis Polla, « Un village italien au cœur de Lausanne », Feuille d’Avis de Lausanne, Lausanne, 19 juillet 1961, page 4
En savoir plus sur l'histoire du funiculaire du Lausanne-Signal / un document de Julien Sansonnens
Julien Sansonnens